ARPLAGRANDMONT
De nuit : les photographes
Les photographes nocturnes recherchent un nouveau rapport à la lumière, plus rare, mais moins diffuse, plus marquée, toujours étonnante.
Brassaï, le surréaliste noctambule photographiait les monuments et la faune nocturne : travailleurs, clochards, prostituées et voyous en jouant sur les éclairages, les contre-jours.Il photographie également les bars et les bordels. Les ombres redécoupent les monuments, créant de nouvelles formes, le brouillard capte et floute les sources lumineuses. Le métro devient une mante religieuse.
Tour St Jacques, 1937 La colonne morris, 1933
Il s'agit encore d'un atavisme métallique de l'Angélus de Millet, 1933 La bande du grand Albert, 1931-32
Prostituée, angle rue de la Reynie & rue Quincampoix, 1933 Les Vidangeurs et leur pompe, rue Rambuteau, 1931
René Burri est plongé dans le grand black out de New York du 19 novembre 1965, où la lumière se fait rare et la mégapole semble soudain fragile.
René burri: Black out, 19 11 65
Michel Semeniako utilise des temps de pose démesurés, de plusieurs heures, pendant lesquelles il éclaire le site avec une lampe de poche pour dessiner ses contours (photo-graphie) et créer une image inédite. La photographie de nuit cesse d'être dépendante des rayons du soleil.
Ces lieux de mémoire prennent une dimension onirique.
Michel Semeniako : Dieux de la nuit, Inde, 1992 et Chine, 1988
Michel Semeniako : Eclats de mémoire, 2004 Michel Semeniako : Le Chaman, Semnoz, Haute-Savoie, 2009
Dans des séries plus récentes, Michel Semeniako colorie ses images à l'aide de filtres, de gélatines, de transparents classiques ou inattendus (papiers de bonbons, protèges cahiers etc.). "Le passage du noir et blanc à la couleur a été dans ma pratique, celui du dessin à la peinture."
Ce passage peut modifier radicalement notre perception, comme ce tronc d'arbre qui devient un monstre préhistorique fantasmatique.